La crise politique qui a éclaté au Burundi en 2015 a débouché sur un climat de tension persistante et une gouvernance autoritaire guidée par des institutions de plus en plus affaiblies à mesure que la crise se prolonge.
Pour mémoire, en avril 2015, Pierre Nkurunziza, président en fonction depuis 2005, a opté pour un troisième mandat en violation à la Constitution burundaise de 2005 et à l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation signé en 2000. Cet accord était essentiel au processus de paix suite à une décennie de guerre civile (1993-2003), limitant le nombre de mandats présidentiels à deux.
En conséquence, une crise de grande ampleur fut déclenchée le 25 avril 2015 par l’annonce fatidique de la candidature de Pierre Nkurunziza au troisième mandat Le lendemain, le 26 avril 2015, un vaste mouvement citoyen de contestation s’en est suivi, sur appel de certains partis politiques d’opposition, de la société civile, et des membres influents du parti au pouvoir CNDD-FDD.
Dès le déclenchement des manifestations, pourtant conformes à la loi, le pouvoir a ordonné à la police d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour étouffer ce mouvement contestataire né dans un contexte préexistant de graves violations des droits humains, de mauvaise gouvernance, marquée par une corruption endémique.
La violence et la répression ordonnées par le pouvoir pour mater les contestataires ont plongé le pays dans un état de non-droit, avec comme conséquences des violations massives des droits humains ayant occasionné des milliers de morts, de disparitions forcées, des actes de torture, de détentions arbitraires de prisonniers d’opinion, ainsi que l’exil de plusieurs centaines de milliers de personnes.
Dix ans plus tard, jour pour jour, le Burundi demeure encore en situation d’instabilité politique. La bonne gouvernance est loin d’être une réalité. L’économie du pays s’effondre, les violations des droits humains ainsi que la restriction des libertés fondamentales et des espaces civiques sont devenues le vécu quotidien des Burundais.
L’élection d’Evariste Ndayishimiye le 25 mai 2020 n’a pas apporté les changements structurels malgré ses promesses d’asseoir une bonne gouvernance respectueuse des principes démocratiques.
Le but du présent Mémorandum est donc d’alerter et interpeller les acteurs de la communauté internationale sur la crise oubliée du Burundi et de leur demander sa remise à l’ordre du jour des institutions régionales et internationales. Il met en exergue la gravité de la situation actuelle du Burundi, sa détérioration continue et ses conséquences déstabilisatrices pour le pays, ainsi que ses répercussions inquiétantes sur la stabilité de la région des Grands Lacs.
Mémorandum sur la situation préoccupante au Burundi après une décennie de crise politique